samedi 8 août 2015

À destination : Gunung Rinjani

Après avoir fait plusieurs jours de plage, on décide de se rendre directement dans la région du Gunung (mont) Rinjani, au centre-nord de Lombok, afin de profiter de la forêt, des cascades et des potentielles randonnées à faire dans le coin. On paie un prix farimineux (apprendrons-nous plus tard)
pour qu'un chauffeur privé nous attende à la sortie du bateau qui fait la traversée Gili Meno - Bangsal et vienne nous porter à Senaru, ville d'où partent la plupart des trek vers le volcan.

En cherchant un endroit où louer une chambre, on tombe sur une auberge où flotte un drapeau du Canada. On demande s'il reste de la place, la dame s'excuse : « Sorry, yes one room left but tonight we have a party only for canadians... ». « Yes, we are canadians. » Aussi bien utiliser la citoyenneté canadienne à notre avantage non?

En arrivant, notre volonté n'était que de faire de petites randos autour de la base du volcan. S'attaquer à une montagne de 3 726 m d'altitude - le Rinjani est le deuxième volcan le plus élevé d'Indonésie -, une randonnée qui s'effectue en 3 jours, nous semblait peu compatible avec le contenu de nos backpack, de notre volonté et de notre forme physique. Toutefois, dès notre arrivée au village de Senaru, nous n'entendions parler que de trek au volcan. Tout le monde nous demande quand nous allons faire le volcan! En attendant notre dîner dans un petit café, le maire du village s'est fait un plaisir de nous présenter le trek de 2 jours/1 nuit, tout-inclus, qui mène non pas au sommet du volcan, mais quand même jusqu'au bord de l'immense cratère de la calderra du Rinjani, où la vue est, promet-on, superbe. On se laisse tenter, on commence à magasiner les agences. C'est un peu la maison de fous : chaque restaurant et chaque homestay ou hotel du village s'improvisent agence en plus de toutes celles qui sont indépendantes. Certains demandent un montant faramineux, d'autres des prix ridicules et louches. On trouve quelque chose entre les deux, chez M. AweNk (prononcé comme dans la toune des Cowboys Fringants « Aweigne-han-han » ou encore « Aweigne aweigne la p'tite, p'tite, p'tite... ») qui nous inspire confiance.

Finalement, le party de canadiens ne nous a pas vraiment attiré et on se couche tôt. Le lendemain, nous ne sommes vraiment pas au meilleur de notre forme; j'ai passé une nuit presque blanche et Véro a mal au coeur. On se motive quand même à nous rendre sur le sentier qui mène aux deux cascades, célèbres dans tout Lombok. On arrive à la première en 20 minutes par un sentier très bien aménagé et le long duquel on croise quelques singes. Pour nous rendre à la deuxième, à environ 50 minutes de marche, tout le monde nous dit qu'il faut un guide. Lasses, fatiguées et malades, on décide de ne pas continuer notre chemin même si on sait que la deuxième cascade est beaucoup plus belle que la première. On rebrousse chemin et on s'en va passer l'après-midi dans un lodge où il y a une piscine. En échange d'un repas, on nous permet de végéter tout l'après-midi dans des bean bags (très populaires en Indonésie), utiliser la piscine et le wifi et même regarder des singes venir voler les sachets de sucre sur les tables lorsque les serveurs ne regardent pas. La piscine en elle-même est extraordinaire; elle possède le même système de chauffage de l'eau que toutes les piscines en Indonésie, soit un rebord en brique noire par-dessus lequel l'eau s'écoule pour être récupéré dans une rigole elle aussi remplie de roches de couleur foncée. L'eau circule donc entre les endroits où les rayons du soleil la chauffe et le bassin lui-même. Dans ce cas-ci, la piscine est perchée à flanc de montagne et comme l'eau coule par-dessus le rebord, on ne voit pas la démarcation entre le ciel et l'eau (dans laquelle le ciel se réflète). On a l'impression de nager dans le ciel.


On se couche encore très tôt se soir là. Malheureusement, Véro a passé une très mauvaise nuit. Moi, j'ai dormi comme un bébé. Le lendemain, c'est le départ pour 2 jours de randonnée. Véro a mal au coeur et manque d'énergie; elle a de la difficulté à rester debout pendant que M. AweNk nous donne les instructions pour les deux jours qui nous attendent.

On débute l'ascension avec notre petit groupe composé de deux Danoises en forme olympique, deux fringants jeunes étudiants français, nos trois porteurs et notre guide nommé Sapar. [Avant de partir, on rigole avec ces messieurs : « Aweigne, AweNk, Sapar, ça part! »] Il n'est pas sans dire qu'on traine un peu, beaucoup, de la patte. Les deux danoises avaient l'air d'avoir envie de faire le sentier à la course, les deux jeunes français étaient... jeunes et fringants... et nous deux, vieilles, pas trop en forme et dans le cas de Véro, malade. C'était assez difficile : 2000m d'altitude à gagner en 6h30 pour une personne « normale » (on constate qu'en Indonésie les personnes normales sont très en forme car les temps qu'on nous donne pour les randonnées sont toujours moindres que ce que ça nous prend), plus de 8h pour nous deux. Au début, le groupe nous attend dans le sentier. On fini par les convaincre de ne plus le faire. Le guide nous accompagne de temps en temps, ce qui nous permet de jaser un peu avec lui.


C'est l'Indonésien le plus mignon du monde. Il a un petit visage rond et un sourire enfantin et il adore apprendre le français. Je lui enseigne « un, deux, trois, quatre, cinq ». À chaque fois, il sort son petit calepin pour écrire le mot (je ne sais pas comment il a pu les orthographier, mais bon). Ensuite, il m'a demandé de lui apprendre I love you. Et bien, il a répété « Je t'aime » toute la journée, toute la soirée et encore le lendemain jusqu'à notre départ pour retourner en bas.

La montée a donc été assez difficile, mais c'est très peu dire pour Véro. Elle avait mal au coeur et arrivait à peine à boire un peu d'eau. Inutile de vous dire qu'avec la chaleur tropicale, on suait beaucoup. Elle était blanche ou verte, et je crois qu'elle a beaucoup pensé à l'option de rebrousser chemin. J'espérais qu'elle soit capable de se rendre et je ne savais pas trop quoi faire pour l'aider. Pour l'encourager, je lui ai promis une médaille si elle réussissait à se rendre; malgré cette belle promesse, je sais que la montée a été un vrai calvaire pour elle. Aussi, j'étais vraiment très fière d'elle quand, après plusieurs heures très pénibles, nous sommes arrivées en haut et nous avons eu droit à cette superbe récompense :



Et bien sûr, chose promise, chose due...


Une fois en haut, on enfile tous les vêtements qu'on a bien pensé à emmener avec nous et après un autre repas de goreng (on commence à être vraiment plus capables!), tout le monde gagnent leur tente et s'endorment... Ou plutôt essaient de, car il fait assez froid sur un volcan! Le lendemain, le reste de notre groupe continuait leur montée vers le sommet du volcan alors que Véro et moi, accompagné d'un porteur très peu locace, sommes redescendues par là où nous étions venues. La descente a été aussi très pénible, surtout pendant les quelques jours suivants. Mais c'était une super aventure que l'on est très contentes d'avoir réalisé, surtout que ce n'était pas du tout prévu au départ.

Il nous reste donc 4 jours à notre séjour en Indonésie, que nous décidons de passer à Senggigi, une petite ville au nord-ouest de Lombok et reconnue pour ses plages. Et c'est justement ce à quoi nous avons dédié nos dernières journées : repos, lecture, natation et superbe coucher de soleil sur Bali.


4 commentaires:

  1. Wow !! Quelle aventure ! Je ne m'attendais pas à lire ce récit à soir, mais c'est si bien écrit !!! J'imagine tellement la scène. C'est un peu comme si j'y étais avec vous. Merci Catherine de rendre ça. Et la pauvre «And you !» que j'imagine verte ou blanche... La pôvre !!! Je vous attends toutes les deux avec un souper dont vous me direz des nouvelles !

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  2. Très bien relaté Cath! Mais il ne faudrait pas oublier que tu as joué un rôle important dans cette aventure en m'encourageant, en portant beaucoup plus de poids que moi, en marchant au pas de tortue pour m'attendre et en distrayant le guide avec tes cours de français. Merci! Tu mérites une médaille de super accompagnatrice!

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    1. Pour la marche à pas de tortue, ca faisait pas mal mon affaire! Hi hi

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