Changement de plan à la veille de
notre départ de Nusa Lembongan : au lieu d'aller à Lombok, on
décide d'aller visiter les îles Gili, dont on entend tant parler.
Trois petites îles paradisiaques au large de Lombok : Gili
Trambangan, la fêtarde; Gili Meno, la tranquille et Gili Air,
quelque chose entre les deux. On se trompe et on réserve une auberge
à Gili Meno au lieu de Gili Air. Tant pis, on y va!
Encore, faut-il se rendre. Même si la
compagnie de bateau avec laquelle nous avions acheté des billets
pour Lombok ne fait aucun chichi pour que l'on change de destination
à la toute dernière minute, il n'est pas si facile de se rendre à
Gili Meno. Contrairement aux deux autres îles, les gros bateaux ne
peuvent pas s'approcher de la plage. Le bateau de croisière nous
débarque, nous et un couple d'Autrichiens, sur la plage de Gili
Trambangan sans trop d'explications. Environ un kilomètre de mer
nous sépare de Gili Meno. On attend au soleil les instructions qui
ne viennent pas; on s'informe, on nous envoie attendre à l'ombre.
Après encore une vingtaine de minutes, on aborde un employé de la
compagnie. « Yes, small boat coming. In five minutes, at four
o'clock! ». Il est 13h30... voilà un bon exemple de la notion du
temps indonésienne.
Après avoir insisté un peu, un vieux
raffiot arrive pour nous. Mais au lieu de contourner Gili Meno pour nous mener là où les bateaux peuvent acoster, il nous amène
simplement de l'autre côté du détroit. On débarque dans l'eau,
les deux pieds dans les coraux (encore!) avec nos bagages. Difficile
de garder notre équilibre, on progresse vers la plage. Le chauffeur
du bateau nous appelle; il s'est embourbé; on revient sur nos pas et
on s'y met à cinq pour pousser le bateau vers le large.
Quelle drôle d'arrivée sur cette île! On arrive à pieds et seuls sur une plage déserte, tels des naufragés, et on se retrouve dans la partie la plus tranquille de l'île. Sur les Gilis, aucun moyen de transport motorisé – pas de chiens non plus. Pas de voitures ni de scooters; on peut toutefois hêler une cariole ou louer un vélo. C'est peu nécessaire car l'île est toute petite, on peut en faire le tour en 2 heures. Tout le monde se connaît et on trouve donc facilement notre auberge.
On se précipite immédiatement à la
plage. Ce que l'on découvre est paradisiaque. Comment dire... vous
savez les catalogues de voyages tout-inclus avec des plages au sable
blanc immaculé et l'eau d'un beau dégradé turquoise? C'est encore
mieux et même pas photoshoppé! L'eau est chaude, les vagues sont
juste assez fortes et les gens sont très sympathiques. Évidemment,
le tourisme a pris d'assaut ce petit paradis, mais l'ambiance est
complètement différente de celle de Seminyak. Au moins, les
restaurants, beach clubs et centre de plongée sont tous réunis dans
le même coin de l'île. Quand on s'éloigne de cette rue principale
touristique, on entre dans un univers de rêve. Comme il n'y a pas de
véhicules à moteur, aucun bruit sinon celui des vagues; aucune
odeur sinon celle des fleurs qui ornent les arbres ou celle de la
lessive qui sèche. On tombe sous le charme de ces petites rues
bordées d'arbres, le soleil faisant pénétrer ses rayons entre les
branches. Pour orner ce paysage, aucun déchet, aucun béton.
Seulement, parfois, des écoliers sur un vélo, une calèche, une
femme voilée portant un enfant ou un immense panier en équilibre
sur sa tête, celui-ci rempli de fruits ou de vêtements.
Le lendemain, nous débutons notre
journée avec la visite du Parc ornithologique. Je m'inquiète un peu
de la qualité des soins prodigués à ces animaux en cage mais
finalement, nous sommes enchantées par cette petite visite d'une
heure. Les oiseaux semblent en santé et bien traités. Nous voyons
plusieurs loris et perroquets, quelques oiseaux de proie et oiseaux
de basse-cour. Malheureusement, le paon n'a pas voulu nous faire la
cour et déployer sa belle queue, malgré tout nos efforts pour
imiter la femelle paon. Nous avons sûrement besoin d'un peu de
pratique encore...
Pour l'après-midi, on décide de se
payer une vraie sortie de snorkeling (cette fois). Dès notre arrivée
sur l'île, on nous a promis que le snorkeling sur Gili Meno serait
de loin supérieur à celui de Nusa Lembongan; comme ce doit être
extraordinaire! M. Dean nous fait un bon prix pour passer quelques
heures dans son bateau. Dès le premier coup d'oeil, il est évident
que le corail est en bien piteux état ici. Comparé à la diversité
multicolore de Nusa Lembongan, tout a l'air brun et on peut voir les
longues trainées atrophiques laissées par des bateaux ou peut-être
des chalands. On constate très bien les ravages de la pêche (on
pêche peu à Nusa Lembongan, les gens vivant plutôt de la culture
des algues). Les poissons sont beaucoup moins nombreux, l'eau moins
claire. On ne se laisse pas débobiner, car c'est quand même
probablement mieux que la rivière Rimouski, et l'eau est bonne. De
plus, notre guide nous montre des tortues marines que l'on s'amuse à
suivre de près. Trop près peut-être, quand les autres touristes
qui nous accompagnent se mettent à flatter leur carapace et leurs
pattes, les encercler et leur mettre la caméra sous-marine à
quelques centimètres du visage. Nous sommes contentes de notre
après-midi qui nous permet quand même de confirmer à quel point le
snorkeling que nous avons eu la chance de faire à Nusa était inouï.
Le soir, après avoir entendu la fin de
la première averse de pluie de notre voyage – du genre de celles
qui nous oblige à crier pour s'entendre - nous nous rendons pour
souper au Sasak Café, que nous avons croisé lors de notre arrivée
sur l'île et où nous avions vu qu'il y avait de la musique live le
soir. Le sasak est la langue et la culture des habitants de la
province de Lombok, donc de l'île principale et des trois Gilis. Nous sommes enchantées de voir que pour une île qui a la réputation d'être très tranquille, le party est pogné!
Un (bel) indonésien joue de la guitare, ses amis les djembés et un
vieil expat a emporté un sac rempli de divers petits instruments
percussifs : shakers, cymbales, bois, cloche à vache et même un
piano à vent. Tout le monde participe à ce jam
et celui-ci se prolonge après que la plupart des clients du
restaurant aient quitté. Il ne reste qu'un petit groupe bien joyeux
et on se laisse prendre au jeu. On passe un très bon moment avant de
rentrer nous coucher.
Le
lendemain, c'est peut-être l'effet du traitement antipaludéen que
nous avons débuté ou encore celui du palm wine
artisanal que les indonésiens nous ont fait goûter la veille, j'ai
l'estomac et les intestins à l'envers et grâce à une
Immodium je peux passer l'après-midi à faire la patate sur la
plage. Malgré toute notre bonne volonté initiale de faire le tour
de l'île à pied, notamment pour aller voir son petit lac salé, on
se laisse prendre par l'atmosphère de farniente et la chaleur. On
sue notre vie sur nos serviettes alors qu'on apprend qu'il grêle au
Québec (hé hé hé). La journée passe rapidement et c'est déjà
bientôt le temps de nous préparer pour quitter ce petit paradis
terrestre. Il ne reste plus qu'une semaine à notre périple
indonésien et c'est en direction de l'île de Lombok que nous nous
dirigeons pour terminer ce voyage en beauté.
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