lundi 13 juillet 2015

À destination : Yogyakarta

Après un long trajet de train (on va vite apprendre que tous les trajets sont longs sur Java), nous arrivons dans la ville de Semarang. Nous allons directement à l'hôtel que nous avions réservé et nous faisons un gros dodo.


C'est pour le déjeuner du lendemain que nous tentons notre chance dans le premier warung d'une longue série. Le warung est le petit resto-roulotte familial typique d'Indonésie où l'on mange, sur une vieille table bancale, sur le trottoir ou dans un coin d'une gare, la nourriture la plus typique qui soit. Véro et Joëlle ont de la difficulté à se résoudre à manger des nouilles frites pour déjeuner alors elles tentent leur chance avec le sop buah, littéralement soupe de fruits. Un mélange de sirop, jelée, fruits coupés en boule et glace. C'est bon, mais assez sucré. Pour ma part, je me régale de mon tout premier mie goreng, ou nouilles frites.



En route vers Yogyakarta!

Le trajet d'autobus en Indonésie est en soi toute une expérience culturelle. D'abord, tant qu'il y a des gens qui peuvent entrer dans le bus, on les fait entrer. Également, il arrive très régulièrement que, lorsque nous sommes ralentis dans le traffic ou si on fait un arrêt de quelques minutes dans un village, des vendeurs de toutes sortes de nourriture ou de boissons entrent dans l'autobus. Ils nous demandent tous deux à trois fois si on veut acheter quelque chose, et souvent les 6 ou 7 hommes qui entrent vendent tous la même chose!

Il y a aussi des musiciens qui entrent dans les bus pour nous "pousser quelques tounes" avant de descendre un peu plus loin, probablement pour recommencer le processus dans un autre bus qui revient au point de départ. La plupart jouent du yukulélé en chantant, mais nos préférés sont les groupes composés d'un guitariste, d'un yukuléléiste et d'un percussionniste qui joue sur des jdembés confectionnés avec des longs tubes de PVC avec une peau de caoutchouc. Ce qui est surprenant, c'est que à peu près tout le monde donnent un peu d'argent lorsque les musiciens passent le chapeau après leur performance. Nous étions contentes d'arriver à Yogya, car nous n'avions plus du tout de "petit change"!



Nous arrivons donc à Yogya après un autre long trajet et nous prenons un taxi pour nous rendre à notre auberge. Le nom du chauffeur est toujours inscrit dans le taxi, et on tente toujours de prononcer leur nom. Celui-ci s'appelle Suwesi, alors je l'appelle Suwesi Boulet (voir l'article sur Jakarta pour comprendre la blague). À notre grande surprise, il rit puis il dit : "no, you Boulet!". Intriguées, on lui demande la signification et il nous répond que buleh veut dire "white people" ou "stranger". L'équivalent du gringo pour les latinos! On en revient pas et on est pas loin d'être mortes de rire.

Notre auberge est tout simplement magnifique. Nous avons une chambre privée avec la plus belle salle de bain que j'ai vu de ma vie. L'auberge au complet est dans un jardin privé et il y a même une piscine. On est au paradis!



Le lendemain, nous nous levons assez tard et partons à la découverte de la ville. Notre objectif est d'aller visiter le Kraton, le palais du sultan et son palais d'eau adjacent. Notre hôte nous avertit : ne croyez pas les gens dans la rue qui tenteront de vous faire croire que le Kraton est fermé! Rendez vous directement à pied! On part donc à la découverte de la ville qui, comme toute ville indonésienne qui se respecte est étouffée de traffic, mais qui a tout de même un certain charme.


On se fait beaucoup aborder dans la rue, d'abord par les conducteurs de becak qui veulent à tout prix nous éviter de marcher (pourtant, pourquoi voudrait-on s'en empêcher?) mais aussi par de sympathiques petits monsieurs qui nous demandent où on va. “Oh, Kraton, close today because Ramadan. Open at 1 o'clock”. Ils nous proposent tous de nous rendre, en attendant l'ouverture du palais, au Arts and Craft Festival, qui, quelle chance, ne dure que 3 jours! Après trois personnes qui nous disent la même chose, on y croit dur comme fer. Surtout après le dernier, qui nous jure être un joueur de gamelan (orchestre traditionnel indonésien) qui fait une prestation à 2h au Kraton. Il nous propose de venir le voir dans son habit traditionnel et prendre des photos. Il nous propose de nous trouver un becak pour pas cher afin de nous rendre au Festival d'arts.Comme par hasard, son ami est juste l'autre côté de la rue...

En arrivant là-bas, on se rend compte qu'on s'est fait avoir par le plus classique des attrapes-touristes de Yogya! Nous ne sommes pas du tout à un festival d'arts, mais plutôt dans un atelier de batik, une technique traditionnelle de teinture des tissus. On nous accueille en français (!) et on nous raconte que nous sommes bien au festival, mais c'est drôle, nous sommes aussi à une école où on apprend à faire le batik. Heureusement, la démonstration que l'on nous fait de la méthode est très intéressante. Puis, on nous donne une liste de prix et on nous invite à regarder les tissus à vendre. On est franchement décues de s'être faites avoir, mais on a quand même trouvé très intéressant de voir comment ce tissu typique d'Indonésie est produit. 

Le tissu est teint une couleur à la fois; entre chaque étape, les parties que l'on veut préserver de la couleur suivante sont recouvertes de cire. Après chaque bain de teinture, il faut donc aussi tremper le tissu dans de l'eau chaude pour enlever la cire de l'étape précédente. Bref, c'est très long et méticuleux; de vraies oeuvres d'art!


Aujourd'hui, ce fut une journée extraordinaire! Nous nous sommes levées à 4h du matin (juste à temps pour entendre un des 5 appels quotidiens pour la prière) et sommes parties en direction du temps de Borobudur. Il s'agit du plus grand temple bouddhiste au monde! 


Le temple à 10 terrasses représente 6 niveaux; les 6 terrasses du bas sont de forme carrées, les 4 du haut, de forme circulaire. Vu d'en haut, le temple ressemble à un mandala. En fait, le temple n'a jamais servi pour prier ou méditer, mais plutôt comme un mandala à marcher : on débute à la terrasse inférieure (qui représente la souffrance terrestre et le désir), et on se déplace dans le sens des aiguilles d'une montre jusqu'à la terrasse supérieure, celle qui représente la perfection et le nirvana. Partout au niveau des terrasses inférieures, on retrouve des statues du bouddha (dont plusieurs n'ont plus de tête après que les Hollandais – qui ont colonisé le pays – les aies ramenées à la maison comme souvenir) et d'innombrables dessins sculptés. Chaque dessin représente une histoire...


Sur les terrasses supérieures, plus aucune représentation humaine, car on est près du nirvana, on est loin du monde matériel. On retrouve les stupah, les cloches typiques de ce superbe temple, à l'intérieur de chacune se trouve une statue. Avec les rayons du soleil qui percent entre ces imposants monuments, l'atmosphère était propice à un petit recueillement.  




Après la visite de Borobudur, nous avons visité le temple de Prambanan, qui figure lui aussi sur la liste du Patrimoine de l'UNESCO. Il s'agit d'un temple construit à la gloire d'un prince hindou et de son épouse bouddhiste. L'architecture du temple contient donc des éléments des deux religions, ce qui en fait sa particularité. Malheureusement, un tremblement de terre survenu en 2006 à Jakarta a complètement détruit le site. Même si la reconstruction a débuté moins d'une semaine après la catastrophe, et que les temples principaux sont déjà restaurés, le site n'est pratiquement qu'un grand champ de pierres. On peut distinguer la base des nombreux temples (plus de 400 au total), ce qui laisse à peine deviner l'ampleur que devait prendre le site avant le tremblement de terre.





Demain matin, nous quittons déjà Yogya et nous partons à la conquête des volcans de l'est de Java : Bromo et Kawah Ijen. Nous risquons de ne pas avoir accès aux internets pour quelques jours, alors je crois que les prochaines nouvelles en direct des pays viendront de Bali!

Salamat malang!
Bonne nuit!

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