samedi 11 juillet 2015

À destination : Jakarta

Après près de 24 heures de vol, plus les temps de transit et d'attente entre ceux-ci, nous voici enfin à Jakarta, capitale de l'Indonésie. Formée de plus de 18 000 îles, l'Indonésie est le pays musulman le plus peuplé au monde. Pas étonnant donc que ce qui caractérise d'abord sa capitale de 28 millions d'habitants soit son traffic et sa mauvaise odeur (on surnomme Jakarta « the big durian » - le durian étant un fruit à l'odeur nauséabonde).





Dès notre arrivée, le douanier nous demande si nous nous rendons à Bali au cours des prochains jours. Apparemment, un volcan serait entré en éruption quelques minutes seulement avant notre atterissage, mais nous n'obtenons pas plus d'informations. Heureusement, notre déplacement vers Bali n'est prévu que dans une dizaine de jours. Finalement, les seules informations que nous arriverons à obtenir sur ce volcan seront qu'il serait entré en éruption il y a plus d'une semaine. De toute façon, nos prochaines destinations – Semarang et Yogyakarta – ne semblent pas affectées par les fumées du volcan.

Après le traditionnel transport de l'aéroport vers l'hébergement de la première nuit, qui nous rappelle à chaque fois à quel point notre façon de conduire en occident est franchement moumoune, (et c'est tant mieux!) nous retrouvons Joëlle à l'hôtel. Nous goûtons aussi à notre première Bintang (je ne suis pas très impressionnée). On a bien du mal à s'endormir : on placote comme des jeunes filles dans un party pyjama.

Ce matin, nous sommes prêtes à découvrir l'Indonésie. Après un déjeuner décevant pour Joëlle et Véro, mais tout à fait satisfaisant pour moi (poulet épicé, riz et tempeh frit salé aux chips de kale), nous décidons de faire appel à un taxi pour nous rendre au centre de la ville, plutôt que de retourner à l'aéroport et prendre l'autobus. Le choix est un peu difficile, car si on est certaines que se rendre en autobus sera très long, en taxi nous ne le savons pas : tout va dépendre du traffic, légendaire à Jakarta.


Notre taxi arrive avec son chauffeur, qui s'appelle Jeri. Je l'appelle Jeri Boulet, il trouve ça très drôle (il n'a pas compris) et nous aussi. Il ne parle pas vraiment anglais (à part “money”, “traffic” et “water”) alors je fais une Antoine de Maximy de moi-même et tente de communiquer comme je peux. En utilisant des signes et, surtout des sons, je n'arrive pas du tout à me faire comprendre de Jeri mais, au moins, les filles sont crampées sur le siège arrière. Finalement, nous avons pu vivre l'expérience tout à fait typique du traffic de Jakarta, mais nous sommes arrivées à la gare dans les temps (et les prix!) qu'avaient estimés les employés de notre hotel.

Il nous reste près de 2 heures pour visiter la ville. On voit dans le guide qu'il y a, juste à côté de la gare, un grand parc avec au centre, le monument national, le Monas. Il est possible de monter tout en haut pour avoir une vue sur toute la ville – on a des doutes là dessus étant donné la quantité de smog. On décide tout de même de tenter notre chance. Le monument est à quelques dizaines de mètres de la station de train, une clotûre avec les barbelés les plus méchants que j'ai jamais vu nous en sépare. On demande la direction pour s'y rendre; on nous indique la droite. Un peu plus loin, nous sommes confuses, on re-demande notre direction à deux gardiens de sécurité (ça, il y en a absolument partout). En même temps, l'un pointe la droite, l'autre la gauche. Tout le monde rit. Ils discutent et conviennent de nous renvoyer là d'où on vient (“one kilometer” nous rassure-t-on).



« One kilometer » or so plus loin, on longe toujours la clotûre. On nous informe à nouveau : « one kilometer more » « thirty minutes ». Nous ne comprenons pas pourquoi ce magnifique parc est si difficile d'accès. On voit pourtant des gens à l'intérieur : il y a donc bien une entrée. On continue et on arrive à une manifestation pro-Palestine. Des centaines de gens sont réunis, munis de drapeaux et t-shirts aux couleurs de la Palestine, pour écouter des discours et scander des trucs en coeur. On comprend rien mais on comprend tout. Les gens, sur notre passage, nous sourient ou nous dévisagent, et certains nous testent : « free Palestine!? ». On les encourage, ils sont contents.



Nous arrivons finalement à un stationnement qui semble mener au fameux Monas. Nous frayons notre chemin à travers d'immenses autobus voyageurs, d'innombrables scooters et d'insistants conducteurs de calèches. À notre agréable surprise, nous voyons se dévoiler devant nous un petit marché : soudainement, nous perdons tout intérêt pour le monument (surtout que nous n'avons toujours pas trouvé la brèche dans cette imposante clotûre). Finalement, nous nous rendons compte que ce marché n'est rien de moins que ce que je décrirais comme un festival permanent de bouffe indonésienne : quelques rangées de kiosques sont alignées, chacun proposant un plat typique d'Indonésie. Devinez-donc ce qu'on a fait...



Peut-être à cause du ramadan (les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil pendant le mois du ramadan), nous étions seules, outre les gens qui travaillent dans les kiosques de nourriture, les kiosques de souvenirs et leurs enfants. Les gens nous souriaient et les enfants étaient impatients que nous finissions de manger : sûrement que leurs parents leur avaient donné la consigne d'attendre avant de venir nous voir. Nous avons ri un peu avec eux en leur enseignant la différence entre « mister » et « madam » puis ce fut l'heure de retourner à la gare. Tout en traversant le stationnement, nous pouvions encore entendre les enfants crier en coeur : « bye madams! Bye bye! ».

Nous voici donc dans le train, en route vers Semarang. Nous n'avons pas réellement d'intérêt envers cette ville, qui semble n'avoir d'attrayant qu'un petit quartier chinois, mais nous devions au départ nous rendre à partir de là dans les îles Karimunjawa, à 90km au nord de l'île de Java. Notre bateau, et conséquemment notre séjour sur l'île, ayant été annulé, nous n'avons pas réussi à changer nos billets de train pour nous rendre directement à Yogyakarta. Il faut dire que durant le Ramadan, les Indonésiens voyagent pour retourner dans leur famille afin de célébrer Idul fitri, le dernier jour du Ramadan, donc la fin du jeûne et des autres sacrifices faits durant cette période. Les trains sont donc tous réservés d'avance pour cette période. Nous espérons donc que, demain, nous réussirons facilement à trouver une place dans un autobus à direction de Yogyakarta.


En attendant, je regarde les paysages défiler par la fenêtre du train. Entre les petits villages, les Indonésiens qui ont adopté le chemin de fer comme lieu de socialisation, les amoncellements de déchets, les dizaines et dizaines de scooters qui attendent aux traverses à niveau, les rizières à perte de vue, les enfants, nombreux et partout, qui saluent le train, la lessive qui sèche, les chats et les chiens errants, les mosquées et leur minaret, les femmes voilées qui rendent ce paysage humain tellement coloré, les warungs qui sont aussi lieu de rencontre, et le doux balancement du train, mes yeux se soûlent de toutes ces découvertes et se ferment peu à peu...


3 commentaires:

  1. Salut les filles ! Merci Cath pour ton blog, c'est très bien écrit. Et en pluche, te connaissant, c'est encore plus drôle !!! - L'épisode de la brèche du parc me rappelle Dehli. C'est vrai que les parcs sont bien baricadés ! Et Règle #1, ne jamais demander la direction/le temps d'arrivée. Ou, moi, avant de faire ça, quand j'étais vraiment découragé, je demandais à 10 personnes différentes et je faisais une moyenne des réponses ! ahah a!! Amusez-vous !!!

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  2. Et... Ça m'étonne que Véro puisse manger du poulet épicé... D'après-moi elle doit manger un bol de riz blanc et encore... La pauvre !!! Ça avait l'air délicieux !!!! - Même pour déjeuner-

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  3. WOW! Ça me rappelle une anecdote... Ç'était lors de la remise des certificats du club de lecture d'été, tu devais avoir 8 ou 9 ans et il avait invité le député provincial pour faire un petit discours. Il mentionnait les bienfaits de la lecture, comment celle-ci nous permettait de voyager et c'est alors que tu as levé bien haut le bras pour prendre la parole. Celui-ci t'as ignoré en pensant que tu te lasserais mais non, tu voulais prendre la parole. Finalement, il a consenti à te laisser parler et voici ce que tu as dit...Lire c'est voyager et d'ici la fin de notre vie nous aurons fait plusieurs fois le tour du monde.
    Et bien aujourd'hui je peux dire que j'ai voyagé grâce à ton récit, c'était comme j'y étais. Merci petite fille aux lunettes roses xxx

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