Après près de 24 heures de vol, plus
les temps de transit et d'attente entre ceux-ci, nous voici enfin à
Jakarta, capitale de l'Indonésie. Formée de plus de 18 000 îles,
l'Indonésie est le pays musulman le plus peuplé au monde. Pas
étonnant donc que ce qui caractérise d'abord sa capitale de 28
millions d'habitants soit son traffic et sa mauvaise odeur (on
surnomme Jakarta « the big durian » - le durian étant un fruit à
l'odeur nauséabonde).
Dès notre arrivée, le douanier nous
demande si nous nous rendons à Bali au cours des prochains jours.
Apparemment, un volcan serait entré en éruption quelques minutes
seulement avant notre atterissage, mais nous n'obtenons pas plus
d'informations. Heureusement, notre déplacement vers Bali n'est
prévu que dans une dizaine de jours. Finalement, les seules
informations que nous arriverons à obtenir sur ce volcan seront
qu'il serait entré en éruption il y a plus d'une semaine. De toute
façon, nos prochaines destinations – Semarang et Yogyakarta – ne
semblent pas affectées par les fumées du volcan.
Après le traditionnel transport de
l'aéroport vers l'hébergement de la première nuit, qui nous
rappelle à chaque fois à quel point notre façon de conduire en
occident est franchement moumoune, (et c'est tant mieux!) nous
retrouvons Joëlle à l'hôtel. Nous goûtons aussi à notre première
Bintang (je ne suis pas très impressionnée). On a bien du mal à
s'endormir : on placote comme des jeunes filles dans un party pyjama.
Ce matin, nous sommes prêtes à
découvrir l'Indonésie. Après un déjeuner décevant pour Joëlle
et Véro, mais tout à fait satisfaisant pour moi (poulet épicé,
riz et tempeh frit salé aux chips de kale), nous décidons de faire
appel à un taxi pour nous rendre au centre de la ville, plutôt que
de retourner à l'aéroport et prendre l'autobus. Le choix est un peu
difficile, car si on est certaines que se rendre en autobus sera très
long, en taxi nous ne le savons pas : tout va dépendre du traffic,
légendaire à Jakarta.
Notre taxi arrive avec son chauffeur,
qui s'appelle Jeri. Je l'appelle Jeri Boulet, il trouve ça très
drôle (il n'a pas compris) et nous aussi. Il ne parle pas vraiment
anglais (à part “money”, “traffic” et “water”) alors je
fais une Antoine de Maximy de moi-même et tente de communiquer comme
je peux. En utilisant des signes et, surtout des sons, je n'arrive
pas du tout à me faire comprendre de Jeri mais, au moins, les filles
sont crampées sur le siège arrière. Finalement, nous avons pu
vivre l'expérience tout à fait typique du traffic de Jakarta, mais
nous sommes arrivées à la gare dans les temps (et les prix!)
qu'avaient estimés les employés de notre hotel.
Il nous reste près de 2 heures pour
visiter la ville. On voit dans le guide qu'il y a, juste à côté de
la gare, un grand parc avec au centre, le monument national, le
Monas. Il est possible de monter tout en haut pour avoir une vue sur
toute la ville – on a des doutes là dessus étant donné la
quantité de smog. On décide tout de même de tenter notre chance.
Le monument est à quelques dizaines de mètres de la station de
train, une clotûre avec les barbelés les plus méchants que j'ai
jamais vu nous en sépare. On demande la direction pour s'y rendre;
on nous indique la droite. Un peu plus loin, nous sommes confuses, on
re-demande notre direction à deux gardiens de sécurité (ça, il y
en a absolument partout). En même temps, l'un pointe la droite,
l'autre la gauche. Tout le monde rit. Ils discutent et conviennent de
nous renvoyer là d'où on vient (“one kilometer” nous
rassure-t-on).
« One kilometer » or so plus loin, on
longe toujours la clotûre. On nous informe à nouveau : « one
kilometer more » « thirty minutes ». Nous ne comprenons pas
pourquoi ce magnifique parc est si difficile d'accès. On voit
pourtant des gens à l'intérieur : il y a donc bien une entrée. On
continue et on arrive à une manifestation pro-Palestine. Des
centaines de gens sont réunis, munis de drapeaux et t-shirts aux
couleurs de la Palestine, pour écouter des discours et scander des
trucs en coeur. On comprend rien mais on comprend tout. Les gens, sur
notre passage, nous sourient ou nous dévisagent, et certains nous
testent : « free Palestine!? ». On les encourage, ils sont
contents.
Nous arrivons finalement à un
stationnement qui semble mener au fameux Monas. Nous frayons notre
chemin à travers d'immenses autobus voyageurs, d'innombrables
scooters et d'insistants conducteurs de calèches. À notre agréable
surprise, nous voyons se dévoiler devant nous un petit marché :
soudainement, nous perdons tout intérêt pour le monument (surtout
que nous n'avons toujours pas trouvé la brèche dans cette imposante
clotûre). Finalement, nous nous rendons compte que ce marché n'est
rien de moins que ce que je décrirais comme un festival permanent de
bouffe indonésienne : quelques rangées de kiosques sont alignées,
chacun proposant un plat typique d'Indonésie. Devinez-donc ce qu'on
a fait...
Peut-être à cause du ramadan (les
musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil pendant le mois du
ramadan), nous étions seules, outre les gens qui travaillent dans
les kiosques de nourriture, les kiosques de souvenirs et leurs
enfants. Les gens nous souriaient et les enfants étaient impatients
que nous finissions de manger : sûrement que leurs parents leur
avaient donné la consigne d'attendre avant de venir nous voir. Nous
avons ri un peu avec eux en leur enseignant la différence entre « mister » et « madam » puis ce fut l'heure de retourner à la
gare. Tout en traversant le stationnement, nous pouvions encore
entendre les enfants crier en coeur : « bye madams! Bye bye! ».
Nous voici donc dans le train, en route
vers Semarang. Nous n'avons pas réellement d'intérêt envers cette
ville, qui semble n'avoir d'attrayant qu'un petit quartier chinois,
mais nous devions au départ nous rendre à partir de là dans les
îles Karimunjawa, à 90km au nord de l'île de Java. Notre bateau,
et conséquemment notre séjour sur l'île, ayant été annulé, nous
n'avons pas réussi à changer nos billets de train pour nous rendre
directement à Yogyakarta. Il faut dire que durant le Ramadan, les
Indonésiens voyagent pour retourner dans leur famille afin de
célébrer Idul fitri, le dernier jour du Ramadan, donc la fin du
jeûne et des autres sacrifices faits durant cette période. Les
trains sont donc tous réservés d'avance pour cette période. Nous
espérons donc que, demain, nous réussirons facilement à trouver
une place dans un autobus à direction de Yogyakarta.
En attendant, je regarde les paysages
défiler par la fenêtre du train. Entre les petits villages, les
Indonésiens qui ont adopté le chemin de fer comme lieu de
socialisation, les amoncellements de déchets, les dizaines et
dizaines de scooters qui attendent aux traverses à niveau, les
rizières à perte de vue, les enfants, nombreux et partout, qui
saluent le train, la lessive qui sèche, les chats et les chiens
errants, les mosquées et leur minaret, les femmes voilées qui
rendent ce paysage humain tellement coloré, les warungs qui sont
aussi lieu de rencontre, et le doux balancement du train, mes yeux se
soûlent de toutes ces découvertes et se ferment peu à peu...
Salut les filles ! Merci Cath pour ton blog, c'est très bien écrit. Et en pluche, te connaissant, c'est encore plus drôle !!! - L'épisode de la brèche du parc me rappelle Dehli. C'est vrai que les parcs sont bien baricadés ! Et Règle #1, ne jamais demander la direction/le temps d'arrivée. Ou, moi, avant de faire ça, quand j'étais vraiment découragé, je demandais à 10 personnes différentes et je faisais une moyenne des réponses ! ahah a!! Amusez-vous !!!
RépondreSupprimerEt... Ça m'étonne que Véro puisse manger du poulet épicé... D'après-moi elle doit manger un bol de riz blanc et encore... La pauvre !!! Ça avait l'air délicieux !!!! - Même pour déjeuner-
RépondreSupprimerWOW! Ça me rappelle une anecdote... Ç'était lors de la remise des certificats du club de lecture d'été, tu devais avoir 8 ou 9 ans et il avait invité le député provincial pour faire un petit discours. Il mentionnait les bienfaits de la lecture, comment celle-ci nous permettait de voyager et c'est alors que tu as levé bien haut le bras pour prendre la parole. Celui-ci t'as ignoré en pensant que tu te lasserais mais non, tu voulais prendre la parole. Finalement, il a consenti à te laisser parler et voici ce que tu as dit...Lire c'est voyager et d'ici la fin de notre vie nous aurons fait plusieurs fois le tour du monde.
RépondreSupprimerEt bien aujourd'hui je peux dire que j'ai voyagé grâce à ton récit, c'était comme j'y étais. Merci petite fille aux lunettes roses xxx