Mais ce que j'ai envie de partager avec vous, c'est un extrait de la postface du livre sur l'utilisation du terme check-point. Je suis en train de travailler sur des textes sur mon expérience en Palestine et je me suis moi-même interrogée sur l'utilisation de cet angliscisme, ou de sa traduction française, « point de contrôle ». J'ai donc trouvé la réflexion suivante intéressante.
« Il est vrai qu'à la différence de « check-list » ou de « check-up », le terme « check-point » ne figure pas (encore) dans les dictionnaires français. Il me semble pourtant que ce mot n'a pas vraiment d'équivalent et qu'il s'impose désormais de façon assez universelle, y compris dans notre langue. Sa traduction officielle, « point de contrôle » (ou « poste de contrôle »), n'est pas tout à fait satisfaisante. Elle ne rend compte que d'un des sens de ce mot : celui qui renvoie à une utilisation militaire classique, comme autrefois le point de contrôle entre Berlin-Est et Ouest, le fameux Checkpoint Charlie.
Les check-points que l'on rencontre aujourd'hui dans de nombreux endroits du monde sont beaucoup moins ordonnés. Ils sont l'expression du chaos, de la violence et du morcellement que connaissent les pays soumis à une guerre civile, au Moyen-Orient, en Afrique ou dans l'est de l'Europe. Dans ces situations extrêmes, la frontière est partout. Chacun devient le gardien de son propre territoire. Un fil tendu en travers d'une route, quelques huttes de feuilles, des armes souvent rudimentaires, et l'on se trouve devant un check-point.
D'un point de vue métaphorique, le check-point est aussi devenu le symbole du passage d'un univers à un autre, d'un ensemble de valeurs donné à son contraire, de l'entrée dans l'inconnu, le danger peut-être. »
Jean-Christophe Rufin, 2015. Check-point. Éditions Gallimard, 400p.
Non, les check-points que j'ai vu en Palestine n'ont rien à voir avec un simple « point de contrôle » ou une banale douane frontalière. À l'image de l'oppression, de la domination, de l'humiliation qu'ils représentent, ils méritent leur propre appellation. C'est donc celle que j'utiliserai.
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