vendredi 25 septembre 2015

Petit guide des douanes israéliennes

Bon! J'ai tardé un peu pour faire cet article et j'espère que ma mémoire sera en forme pour se rappeler de toutes les nombreuses étapes à franchir. Car on n'entre pas en Israël comme un éléphant dans un jeu de quille... enfin, vous comprenez. Aussi, il n'y aura aucune photo car c'est interdit de photographier les installations militaires en Israël. Comme l'armée est partout, il est parfois difficile de savoir ce que l'on peut photographier ou non. On a pas pris de chance!

1. Se rendre aux douanes jordaniennes.
Le chauffeur ne peut pas entrer avec nous, nous devons donc prendre nos valises et traverser la barrière. On montre nos passeport à un douanier bien armé (à partir de maintenant, gardez en tête que tous les douaniers mentionnés dans cette histoire ont une immense mitrailleuse en bandoulière) pas très jojo (à partir de maintenant, gardez en tête que tous les douaniers mentionnés dans cette histoire ne sont pas jojo - mais ça s'empire une fois rendus en Israël). Il nous regarde bien longuement dans les yeux - c'est intimidant.

2. Douanes jordaniennes.
On commence par mettre nos bagages dans une machine à rayons X et passer le détecteur de métal (objet de la vie courante en Israël et en Palestine). De l'autre côté, on passe à un petit guichet où un douanier nous remet un papier sur lequel nous devons écrire notre nom et numéro de passeport. Puis, il vérifie notre passeport et notre visa jordanien et donne le passeport à un autre douanier par une petite fenêtre. On ne reverra pas notre passeport avant quelques heures...
L'autre douanier nous appelle un à un, nous regarde et nous dit ok. On s'en va rejoindre les autres dans la salle d'attente - sans notre passeport.

3. Attendre l'autobus
Aucune voiture non autorisée ne peut traverser le pont Allenby (aussi connu sous le nom de King Hussein Bridge, la seule frontière entre la Jordanie et la Palestine). Le pont Allenby est très particulier; il est reconnu comme une porte d'entrée sur leur territoire par à la fois Israël et la Palestine. Par contre, pour la Jordanie, il ne s'agit pas d'une frontière et on ne peut pas entrer en Jordanie par là si on ne possède pas déjà le visa jordanien.

Il s'agit de la seule voie d'accès au reste du monde pour les Palestiniens car ils ne sont pas autorisés à se rendre en Israël et donc, ils ne peuvent se rendre au seul aéroport israélien, l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. Pour leur part, ils n'ont pas besoin de visa jordanien car ils sont, pour l'instant, considérés comme des citoyens jordaniens par la communauté internationale. Ils ne possèdent pas de passeport, mais un document de voyage qui indique qu'ils sont résidents d'Israël et citoyens jordaniens. Vous pensez que c'est compliqué? Ça c'est rien! Attendez que je vous parle des différents statuts pour les Palestiens sur leur propre territoire... Mais revenons à notre histoire.

Nous attendons donc l'autobus, qui dans notre cas a pris presque deux heures à arriver. Impossible de savoir combien de temps cela va prendre : « the bus is coming when the bus is coming ». Pour l'attente, deux possibilités : dehors sous une chaleur torride ou à l'intérieur où une colonie de mouches mordeuses vous attaque. Seule distraction en attendant, une boutique duty-free sans intérêt, une grande murale présentant le roi de Jordanie et ses prédécesseurs et un guichet automatique qui ne donne que des dinars jordaniens (peu pratique quand on veut se rendre en Palestine). Les gardes armés qui se promènent un peu partout ne prêtent pas goût à la balade. On prend donc notre mal en patience en laissant la nervosité augmenter, car on sait que le plus difficile reste encore à venir.

4. Prendre l'autobus
L'autobus arrive et il faut payer. Un frais par personne et un frais par bagage. Puis, tranquillement, il se joint à la ligne d'attente d'autobus et de camions de transport. Il y a peu à voir, sinon des clôtures, du barbelé, des tours d'observations, du béton, des camions. Il devrait être excitant d'enfin traverser le pont pour jeter un coup d'oeil sur le Jourdain, mais celui-ci est tellement asséché par les systèmes de pompage israéliens qu'il est en fait inexistant.

On arrive enfin à la douane israélienne. Le chauffeur descend en nous indiquant de rester dans l'autobus. Puis, il sort nos bagages un à un sur le trottoir et s'en va. Plusieurs minutes s'écoulent, heureusement on peut jeter un coup d'oeil sur les valises, mais que ferait-on si quelqu'un s'emparait de l'une d'entre elles? Disons qu'au nombre de mitrailleuses dans le coin, on ne se fait pas convaincre de rester assis bien sagement dans notre autobus, quoi qu'il arrive.

Finalement, un autre gars arrive avec nos passeports, nous les distribue, on nous permet de sortir de là et de récupérer notre valise. On se sent quand même mieux avec ce précieux document entre nos mains!

5. Les douanes israéliennes
D'abord, il faut laisser notre valise sur un convoyeur qui disparait à l'intérieur, on ne sait où, vers une autre machine à rayons X (comme si nous avions eu l'occasion entre celle-ci et la précédente d'y mettre des bombes ou des armes!). Un douanier appose une étiquette sur l'endos de notre passeport. Il n'y a pas de question à poser, il faut faire vite et on suit les autres; car les instructions se font rares. Heureusement que notre accompagnatrice, Lisa, connait bien le processus et nous avait bien informé d'avance!

Ensuite, on passe à un premier guichet, je donne mon passeport. Le douanier vérifie que j'ai bien la même face et me demande le nom de mes parents. Je lui réponds rapidement en prononçant les noms bien à la québécoise. C'est clair qu'il n'a rien compris, mais il semble satisfait. Il appose une autre étiquette sur l'endos de mon passeport et m'envoie à l'intérieur.


Là, on fait la file. On passe un autre rayon X avec nos bagages à main et un autre détecteur à métal. On donne encore nos passeport à un douanier (comptez-vous les fois?). À chaque fois, ils font du zèle : ils regardent la première page, me regardent, regardent le document à nouveau, me regardent à nouveau et, l'air déçus, me rendent le passeport et me font signe de continuer. Certains d'entre nous se font fouiller un peu leur sac à main, mais personne n'avait rien à se reprocher.

Prochaine étape, c'est la plus stressante. Le « vrai » douanier. (À quoi servent les autres?) C'est celui qui peut poser les questions chiantes, celui à qui il ne faut pas dire qu'on s'en va en Palestine, ne pas prononcer aucun nom palestinien. C'est devant lui qu'il faut avoir l'air de bêtes touristes qui se sont payé un tour organisé pour visiter les lieux saints et qui ne savent rien du conflit israélo-palestiniens. Ceux qui croient, comme le laissent entendre les médias, que les Palestiniens sont les méchants terroristes et que toutes ces étapes servent bel et bien à assurer notre sécurité.

Lisa passe en premier pour expliquer que nous sommes un groupe de touristes. Pour ma part, tout va bien : on me demande le nom de mon père (encore?), on glisse un petit billet dans mon passeport et on me fait signe de procéder. Par contre, Lucie n'a pas eu cette chance. Elle est tombée sur une douanière en power trip qui lui a posé tant de questions que Lucie a bien manqué pleurer. Heureusement, elle a fini par la laisser passer.

Le fameux « petit papier » fait office de visa, comme on en reçoit dans notre passeport dans la plupart des pays où on voyage. Certains pays arabes ne laissent pas entrer les visiteurs qui possèdent un tampon israélien dans leur passeport. Israël ne tamponne donc plus les passeports pour cette raison. Par contre, il faut bien faire gaffe de ne pas perdre ce petit papier! C'est la première chose qui est vérifiée à n'importe quel check-point, lorsqu'une police vous arrête, etc. Également, impossible de sortir du pays sans celui-ci. Lisa, qui est extraordinaire, avait donc prévu la petite brocheuse pour s'assurer que tout le monde garde bien son visa jusqu'à la fin du périple.

À gauche, le visa jordanien. À droite, le papier bleu est le visa d'entrée et le rose est le visa de sortie.

Prochaine étape, et ça devient redondant : se mettre en ligne, donner son passeport à un douanier, qui le regarde bien attentivement, qui nous regarde bien attentivement, qui regarde bien attentivement notre petit papier et qui nous fait signe d'avancer.

On récupère nos valises qui trainent dans un coin sans surveillance depuis on ne sait plus quand. Normalement, la première étiquette que nous avons reçu sur notre passeport en arrivant devrait permettre à un douanier de vérifier que l'on part bel et bien avec nos possessions et non pas celles des autres, mais personne ne vérifie. C'est pas par manque de personnel, pourtant!

Il faut enfin passer entre deux comptoirs où se trouvent des douaniers. Lisa nous donne une dernière instruction : « just go out and don't look anybody in the eye ». C'est ce qu'on fait et on se retrouve finalement dehors! En Palestine (mais il faut pas le dire, encore)!

La nervosité tombe, sauf pour cette pauvre Lucie qui est encore ébranlée. Tout le monde raconte son expérience : « moi, ils m'ont demandé ça » « moi, rien du tout! » « le premier douanier m'a crié après », etc. Lisa est surprise que tout le monde soit passé sans anicroche; heureusement, elle ne nous avait pas fait part de cette crainte avant!

Une chose est certaine, l'expérience aurait été extrêmement difficile si j'avais été seule et sans aucune connaissance sur le déroulement. Mais je suis contente que tout se soit bien passé. Il parait que c'est bien pire à l'aéroport de Tel-Aviv. Je vous dit ça, juste comme ça.

Quelqu'un a compté le nombre de douaniers?

2 commentaires:

  1. Wow Catherine. C'est bien pire que je ne le croyais... Mais te lire est un véritable plaisir :-) Julie xxx

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  2. Ah oui, je confirme, l'aéroport de Ben Gurion c'est Koh Lanta !

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