jeudi 17 septembre 2015

(Décider de) quitter la Palestine

La mission de solidarité en Palestine est terminée. Ce fut tout un marathon, et c'est pourquoi je n'ai absolument pas eu le temps de publier sur le blog. Je suis épuisée, mon cerveau est complètement saturé d'informations mais surtout, d'informations assez déprimantes. Mon bilan c'est que le peuple Palestinien est dans une bien piètre situation. Et qu'il n'y a pas grand chose à faire.

Alors, justement, que vais-je faire? La question s'impose depuis notre arrivée ici et nous l'avons posé à tous les groupes et personnes que nous avons rencontré. Les réponses tournent autour des mêmes thèmes : sensibilisation, partage, éducation. Certains nous ont interpellés par rapport à notre gouvernement fédéral. D'autres ont suggéré la campagne « Boycott Désinvestissement Sanction » envers Israël. Mais tous, sans exception, nous ont demandé de transmettre leur message, leur réalité, leur situation.

C'est bien beau de parler, d'écrire, de raconter mais rien ne frappe plus que d'être ici et de vivre l'oppression, la séparation et la discrimination. Comment pourrons-nous choisir les mots qui seront assez puissants pour signifier ce qui se passe ici? Comment arriverai-je à vous faire verser les larmes que nous avons versé? À vous faire ressentir la colère et la frustration que nous, touristes privilégiés, avons ressenti? Nous pouvons très bien imaginer que les émotions que nous avons vécues en deux semaines n'ont rien à voir avec ce que les gens vivent continuellement ici, depuis plusieurs générations et face à une discrimination qui les vise directement.

Durant mon séjour, on m'a offert de rester ici et de donner un coup de main à un organisme de défense des droits palestiniens : travaux de recherche, de communications avec des organismes internationaux, rencontres sur le terrain avec les Palestiniens et mise en oeuvre d'une campagne à l'occasion du début de la récolte annuelle d'olives. L'organisme m'offrait un immense appartement gratuit à Ramallah et autant d'espace que voulu pour travailler sur mes projets personnels. L'occasion idéale de rester et de me sentir réellement utile, non?

Mais pourtant, je n'ai jamais réussi à être en paix avec cette option. L'incertitude m'a pourchassé nuit et jour pendant 4 jours jusqu'à ce que je réalise que je n'étais pas prête à rester ici. Le stage m'a rentré dedans et j'ai besoin de reprendre mon souffle. J'ai aussi réalisé que de me lancer dans cette aventure risquait de me détourner des objectifs que je m'étais donné pour mon voyage avant de partir.

Malgré la certitude que je prends la bonne décision en quittant la Palestine, je porte maintenant un énorme poids sur la conscience. S'il est vrai qu'il n'y a jamais de bonne et de mauvaise décision, dans ce cas-ci, il y a le choix facile à faire et le choix difficile. Et je suis consciente que simplement d'avoir ce choix est un privilège immense. Les Palestiniens n'ont pas le luxe de quitter leur pays lorsqu'ils ont peur, ou lorsqu'ils sont inconfortables.

J'ai donc choisi l'option facile, celle de continuer mon chemin comme prévu et de poursuivre ces objectifs tout personnels que je m'étais donné pour mon voyage. Les sentiments d'égoïsme et de lâcheté me poursuivent depuis, mais je réussirai probablement à les apprivoiser. Et pour le faire, je me suis promis de faire exactement ce que les Palestiniens nous ont donné comme mission : porter leur message et sensibiliser le monde à leur réalité.


Tout ça pour dire que vous n'avez pas fini de m'entendre sur la Palestine parce qu'en décidant de la quitter, j'ai contracté une dette énorme que je compte bien rembourser.

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