La mission de solidarité en Palestine
est terminée. Ce fut tout un marathon, et c'est pourquoi je n'ai
absolument pas eu le temps de publier sur le blog. Je suis épuisée,
mon cerveau est complètement saturé d'informations mais surtout,
d'informations assez déprimantes. Mon bilan c'est que le peuple
Palestinien est dans une bien piètre situation. Et qu'il n'y a pas
grand chose à faire.
Alors, justement, que vais-je faire? La
question s'impose depuis notre arrivée ici et nous l'avons posé à
tous les groupes et personnes que nous avons rencontré. Les réponses
tournent autour des mêmes thèmes : sensibilisation, partage,
éducation. Certains nous ont interpellés par rapport à notre
gouvernement fédéral. D'autres ont suggéré la campagne « Boycott
Désinvestissement Sanction » envers Israël. Mais tous, sans
exception, nous ont demandé de transmettre leur message, leur
réalité, leur situation.
C'est bien beau de parler, d'écrire,
de raconter mais rien ne frappe plus que d'être ici et de vivre
l'oppression, la séparation et la discrimination. Comment
pourrons-nous choisir les mots qui seront assez puissants pour
signifier ce qui se passe ici? Comment arriverai-je à vous faire
verser les larmes que nous avons versé? À vous faire ressentir la
colère et la frustration que nous, touristes privilégiés, avons
ressenti? Nous pouvons très bien imaginer que les émotions que nous
avons vécues en deux semaines n'ont rien à voir avec ce que les
gens vivent continuellement ici, depuis plusieurs générations et
face à une discrimination qui les vise directement.
Durant mon séjour, on m'a offert de
rester ici et de donner un coup de main à un organisme de défense
des droits palestiniens : travaux de recherche, de communications
avec des organismes internationaux, rencontres sur le terrain avec
les Palestiniens et mise en oeuvre d'une campagne à l'occasion du
début de la récolte annuelle d'olives. L'organisme m'offrait un
immense appartement gratuit à Ramallah et autant d'espace que voulu
pour travailler sur mes projets personnels. L'occasion idéale de
rester et de me sentir réellement utile, non?
Mais pourtant, je n'ai jamais réussi à
être en paix avec cette option. L'incertitude m'a pourchassé nuit
et jour pendant 4 jours jusqu'à ce que je réalise que je n'étais
pas prête à rester ici. Le stage m'a rentré dedans et j'ai besoin
de reprendre mon souffle. J'ai aussi réalisé que de me lancer dans
cette aventure risquait de me détourner des objectifs que je m'étais
donné pour mon voyage avant de partir.
Malgré la certitude que je prends la
bonne décision en quittant la Palestine, je porte maintenant un
énorme poids sur la conscience. S'il est vrai qu'il n'y a jamais de
bonne et de mauvaise décision, dans ce cas-ci, il y a le choix
facile à faire et le choix difficile. Et je suis consciente que
simplement d'avoir ce choix est un privilège immense. Les
Palestiniens n'ont pas le luxe de quitter leur pays lorsqu'ils ont
peur, ou lorsqu'ils sont inconfortables.
J'ai donc choisi l'option facile, celle
de continuer mon chemin comme prévu et de poursuivre ces objectifs
tout personnels que je m'étais donné pour mon voyage. Les
sentiments d'égoïsme et de lâcheté me poursuivent depuis, mais je
réussirai probablement à les apprivoiser. Et pour le faire, je me
suis promis de faire exactement ce que les Palestiniens nous ont
donné comme mission : porter leur message et sensibiliser le monde à
leur réalité.
Tout ça pour dire que vous n'avez pas
fini de m'entendre sur la Palestine parce qu'en décidant de la
quitter, j'ai contracté une dette énorme que je compte bien
rembourser.
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