Le voyage est bien
débuté depuis déjà quelques semaines, mais l’aventure vient
réellement juste de commencer. Après avoir passé quelques jours en
terrain connu au Maroc, nous voici maintenant dans un nouveau pays,
la Mauritanie. À première vue, la Mauritanie ne se laisse pas
facilement apprivoiser.

Le lendemain, nous
avons tenté le pouce jusqu’à Dakhla, un pari plutôt audacieux
étant donné la présence d’une seule ville entre les deux :
Boujdour. Nous avons réussi à trouver quelqu’un qui nous a amené
en une heure à Boujdour (distante de 160 km – je vous laisse
calculer la vitesse moyenne de croisière) mais pas de succès pour
la suite. Toutefois, un riche producteur d’huile de poisson de
Nouadhibou qui s’était loué un taxi collectif à lui seul pour se
rendre à Dakhla nous a pris avec lui et c’est pour un maigre 100dh
que nous avons pu nous rendre dans cette sympathique petite ville que
nous avions bien aimé lors de notre dernier passage.
Les quelques jours passés à Dakhla nous ont permis de préparer la suite de l’aventure : trouver un transport jusqu’à Nouadhibou, faire quelques achats et chercher des africaines pour me tresser les cheveux. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Rokhaya, une sénégalaise, et de Aja, une ivoirienne, deux commerçantes venues au Maroc pour acheter l’huile d’argan. Elles ont accepté de me faire les tresses africaines dans leur chambre d’hôtel. On a bien rigolé quoi qu’à la fin, je les sentais un peu pressées de terminer. Il faut dire qu’elles quittaient tôt le lendemain pour la Mauritanie et avaient encore beaucoup de choses à faire avant le départ. Je suis très satisfaite de ma nouvelle coiffure, qui ne nécessite aucun entretien et qui, en plus, me va plutôt bien je trouve!
Finalement, nous
avons pris le bus pour la frontière marocaine et une fois là-bas,
nous avons encore une fois pu constater la méthode africaine. À
l’arrivée du seul bus de voyageur de la journée, le douanier
responsable des tampons de sortie venait juste de partir en pause –
nous devions donc attendre debout au soleil et dans le vent de sable,
pendant qu’une dizaine d’autres douaniers étaient présents un
peu partout à discuter, relaxer et nous regarder.
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Ici aussi, il y a de la poudrerie dans le chemin! |
Une
fois arrivés en territoire mauritanien, nous devions négocier pour
trouver un bon taux de change au noir pour nos euros et faire faire
nos visas. Après, on nous a amenés à la police où un grand
douanier pieds nus a estampillé nos visas, puis nous a fait signe de
le suivre jusqu’au bureau de ce qui était visiblement le chef du
poste de police. Celui-ci nous a dit d’une voix bien forte et bien
sévère : « Bienvenue en Mauritanie, le pays de la loi,
la paix et la tranquillité. » Puis, d’une tape sur mon sac à
dos, le douanier nu-pieds nous a fait comprendre que la formalité
était terminée. Nous sommes retournés au taxi et avons continué
notre route jusqu’à Nouadhibou.


Nouadhibou, c’est un autre monde. Moi qui m’attendais à trouver un pays relativement similaire au Maroc, je me suis bien trompée. Ce qui frappe en arrivant, bien sûr, c’est la pauvreté. La pollution également, la ville est comme un dépotoir à ciel ouvert. Ensuite, on remarque les rues ensablées et finalement, à notre grand plaisir, les chèvres qui traînent un peu partout dans la ville, se nourrissant des ordures.



Nous nous installons chez Ali, dans une petite chambre très sobre mais qui nous plaît bien finalement. Le « Camping » chez Ali est très agréable, il y a une grande cour ouverte, une tente pour relaxer et un espace pour manger et lire.
Une fois l’hébergement réglé, nous partons à la recherche d’une petite bicoque pour manger. Cette fois, c’est plus compliqué. Contrairement au Maroc, où les cafés et les restaurants sont tellement nombreux qu’on se demande comment les gens font pour survivre, ici on ne trouve rien. Il y a un nombre hallucinant de vendeurs de cellulaires et de cartes de téléphone, ainsi que de salon de coiffure et de vendeurs de vêtements. Mais, aucun restaurant (ou sinon des trucs pas très invitants, ou encore, fermés) ni petit commerce de quartier (je fais référence à l’équivalent marocain du dépanneur, ou aux vendeurs de brochettes, ou encore aux vendeurs de noix et fruits séchés). Il n’y a que des madames assises sur les trottoirs qui vendent des boules de pâte frites dans l’huile… On finit par manger dans un restaurant un peu chic (d’un point de vue mauritanien) un sandwich à la viande garni de mayonnaise et de… frites!
Le
lendemain, on part à la découverte de la ville. On commence par
aller voir la Place de l’indépendance : une place pavée avec
un mat sans drapeau au centre, entourée d’un trottoir. On comprend
immédiatement qu’il est interdit d’y marcher : tout le
monde font consciencieusement le tour de la place sous
l’oeil attentif d’un policier assis un peu plus loin à l’ombre.
Au Maroc, cette place aurait
été l’endroit le plus actif de la ville, le souk y aurait
naturellement pris place. Mais pas ici.


Nous nous dirigeons donc vers la seule « attraction » de la ville, s’il en est une. C’est la présence d’un cimetière de vieux bateaux abandonnés sur la plage du village voisin, Cansado. Nous hélons donc un taxi pour Cansado, un petit village très tranquille. Peut-être trop tranquille, puisque le seul restaurant est encore fermé : il faudra qu’on s’habitue aux horaires mauritaniens. On s’achète une pâtisserie pour patienter (ça, on en trouve facilement!) et on descend vers la plage.
On marche le long de celle-ci dans la direction qu’on nous a indiqué, mais tout ce qu’on trouve c’est des kilomètres et des kilomètres de déchets. On a l’impression de marcher dans un dépotoir, alors qu’on se trouve sur une plage potentiellement paradisiaque. Si la couleur de l’eau nous fait rêver, il n’y a même pas la place pour poser un pied dans se retrouver dans les ordures.

Après avoir fait un long détour à travers le désert pour contourner une usine chinoise qui fait de la farine de poissons, nous arrivons enfin au cimetière de bateau. Contents, je considère sortir l’appareil photo de mon sac pour faire de super photos, lorsqu’un policier nous hèle. Après avoir discuté un peu de tout et de rien, il nous dit qu’on ne peut pas prendre de photos sans autorisation du ministère du tourisme – les étrangers vont critiquer s’ils prennent des photos des vieux bateaux. On s’est bien abstenus de rétorquer que s’il y a quoi que ce soit dont on pourrait se plaindre en ces lieux, c’est bien la présence de ces kilotonnes de déchets. Enfin, on lui dit qu’on ne prendra pas de photos et on continue à marcher sur la plage/dépotoir et un peu plus loin, on prend quelques photos avec le téléphone.

De retour en ville, nous devons absolument retirer de l’argent au guichet car nos réserves s’épuisent rapidement. Ça aussi, c’est un peu un défi depuis notre arrivée. L’argent mauritanienne s’appelle l’ouguiya (déjà il faut apprendre à le prononcer). Depuis le 1er janvier 2018, l’ouguiya a changé, ils ont remplacé tous les billets et ont simplement enlevé un 0. Donc, il y a l’ancien ouguiya et la nouvelle ouguiya (on est pas certains si c’est masculin ou féminin, ouguiya). Donc, un billet de 100 anciens ouguiya vaut la même chose qu’un billet de 10 nouveaux ouguiya. Les gens donnent en général les prix en anciens ouguiyas, mais il faut toujours contre-vérifier, pour ne pas payer un sandwich 20$ au lieu de 2$. De plus, comme un euro vaut 430 ouguiyas, ou encore 1 dollar canadien vaut 280 ouguiya, la conversion des prix dans notre tête n’est jamais facile. Il faut dire que le coût de la vie est relativement cher ici, en tout cas pas mal plus cher qu’au Maroc. Cela rend aussi le rapport à l’argent un peu difficile. On va s’habituer tranquillement, mais pour l’instant on a de la difficulté.
Donc,
on va au guichet électronique pour retirer de l’argent : le
guichet refuse nos cartes. On fait 3-4 guichets différents :
soit ils rejettent la carte, ou encore, ils sont hors service. On
finit par faire tous les guichets de la ville, de plus en plus
inquiets. Au dernier guichet, où il y a un gardien de sécurité,
celui-ci nous informe que les guichets ne fonctionnent pas à cause
du changement de la monnaie. Découragés et inquiets, on retourne
dormir à l’auberge. Ce matin, nous sommes donc partis à la
première heure à la banque pour gérer ce problème. On nous invite
à passer dans le bureau du directeur de banque. Celui-ci nous dit,
d’un ton tellement calme que c’en est frustrant : non, les
guichets ne fonctionnent pas à cause du changement de monnaie, et il
n’y a pas de solution. C’était
un peu la panique! Finalement,
on a trouvé un guichet qui a accepté de nous donner de l’argent
avec une carte Visa. Avant de partir en voyage, j’avais lu que la
carte MasterCard est très rarement acceptée en Afrique; Rémy et
moi avons chacun une carte MC. J’ai donc commandé une carte Visa
pour le voyage, en me disant qu’on ne l’utiliserais probablement
pas. Quelle chance!
Donc,
une fois ce problème réglé (oufff), on est de retour à l’auberge
pour une petite journée relaxante : douche, lessive, courses…

Demain, nous allons prendre le train minéralier, le plus long train du monde (et à lire les commentaires, le plus inconfortable du monde également), pour nous rendre dans la région de l’Adar, le grand désert comme on se l’imagine. Là-bas, on va se retrouver dans un milieu plus touristique et on espère faire une méharée, une randonnée dans le désert avec des chameaux.

Demain, nous allons prendre le train minéralier, le plus long train du monde (et à lire les commentaires, le plus inconfortable du monde également), pour nous rendre dans la région de l’Adar, le grand désert comme on se l’imagine. Là-bas, on va se retrouver dans un milieu plus touristique et on espère faire une méharée, une randonnée dans le désert avec des chameaux.
On
ne sera pas fâchés de quitter Nouadhibou et on espère que le reste
du pays a un peu plus à offrir.
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