Après l’annexion illégale de Jérusalem-Est, Israël modifie le zonage de la ville et un maigre 13 % est conservé pour le développement de la communauté palestinienne. Sur ces 9,2 km², s’entassent donc 230 000 Palestiniennes et Palestiniens dans des quartiers étouffés par les colonies israéliennes qui poussent tout autour. Ceux qui désirent rénover, agrandir ou construire leur maison doivent faire une demande de permis de construction auprès des autorités israéliennes. Pour l’obtenir, il n’y a qu’à entreprendre ce « processus démocratique et ouvert à tous les citoyens de la ville » et s’assurer de remplir les conditions, dont en voici quelques exemples :
- Prouver que l’on possède le terrain pour lequel le permis est demandé.
Depuis 1967, l’enregistrement de terres est interdit pour les Palestiniennes et Palestiniens.
- La construction de la maison ne doit pas faire augmenter la densité du patrimoine bâti au-delà d’une certaine limite.
Les quartiers palestiniens dépassent presque tous déjà cette limite.
- Le terrain pour lequel le permis est demandé doit être inscrit au registre des biens immobiliers de la Ville.
Seulement 3 % de la superficie des quartiers palestiniens de Jérusalem est inscrite à ce registre.
- Les infrastructures municipales doivent être adéquates sur le terrain pour lequel le permis est demandé.
Les infrastructures et services municipaux, pour lesquels les Palestiniennes et Palestiniens paient des taxes, sont peu entretenus ou fournis. Ceci sous prétexte que ces quartiers sont trop dangereux pour les employés municipaux.
- Payer les frais.
L’ensemble des coûts associés à l’obtention d’un permis de construction pour un bâtiment de 200 m² peut atteindre 38 000 $ (1) , coût exorbitant pour les Palestiniens jérusalémites, dont 65 % vivent sous le seuil de la pauvreté. De plus, inutile pour eux d’espérer obtenir un prêt hypothécaire dans une banque israélienne.
Sans espoir de pouvoir obtenir le permis, les Palestiniennes et Palestiniens se voient donc dans l’obligation de construire illégalement leurs maisons. En conséquence, 40 % des bâtiments de Jérusalem-Est ont été construits sans permis et risquent la démolition. Entre 1967 et 2009, Israël a démoli à Jérusalem-Est plus de 2 000 « structures » appartenant à des Palestiniennes et Palestiniens et, seulement en 2015, 450 démolitions ont déjà eu lieu (2) .
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Maison démolie (et tempête de sable) dans le quartier Jabal al-Mukabbir. |
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Restes d'une maison détruite près du camp Shu'fat. |
Cette maison, voisine de la maison démolie sur l'image précédente, fut démolie avant même que ses propriétaires y aient emménagé. |
Sans maison et sans espoir de pouvoir obtenir un permis pour la reconstruire, la plupart des familles décideront de quitter Jérusalem, perdant du même coup leur statut de résident permanent . Qu’en répond Israël? Que les Palestiniennes et Palestiniens qui ont brisé la loi étaient au courant des conséquences. La réponse ne résiderait-elle pas plutôt dans cette politique municipale, adoptée en 1973, de maintenir un ratio démographique à 70 % d’Israéliens et 30 % de Palestiniens?
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(1) MARGALIT, M. 2007. No place like home : House demolitions in East Jerusalem. Israeli Committee Against House Demolition, 55 p.
(2) Israeli Committee Against Home Demolitions. [En ligne], http://icahd.org/
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